"Barbara et l'homme en habit rouge" : la dame en noir était solaire

À voir : si vous avez le cœur léger

Jusqu'au au 16 juillet 2016
Reprise du 30 septembre au 16 décembre 2016
au Théâtre Rive Gauche


"Pourquoi faire autant de notes alors qu'il suffit de jouer les plus belles"

Barbara dans « Barbara et l'homme en habit rouge », Roland Romanelli et Rébecca Mai


Barbara aurait eu 86 ans le 9 juin 1930. La voilà qui revit dans un spectacle musical au Théâtre Rive Gauche qui joue depuis le 28 janvier et reprend pour l'été jusqu'au 16 juillet. C'est son compagnon de chansons et de vie, Roland Romanelli, qui raconte ses coups d'éclats, ses coups de voix et son génie, avec pudeur et émotion. 

20 ans de carrière et 8 ans d'amour. C'est toute l'histoire de Romand Romanelli et de Barbara qui se rencontrent en 1966. 

Un hommage tout en pudeur à la personne qu'était Barbara

Roland Romanelli raconte avec sa voix douce, presque en chuchotant, les moments qui ont fait leur amour et leur art. Il nous dévoile la petite histoire derrière la grande par petites bribes de vie et secrets de chansons, accompagné de la chanteuse Rébecca Mai, qu'il semble regarder avec l'air ému (et aimant) qu'il devait avoir en admirant Barbara. On y découvre une femme passionnée qui disait s'en aller loin pour mieux réinventer l'amour. Cela donna la chanson « Vienne », ce "voyage" qui la fit dormir dans une autre chambre que celle de Roland pour lui glisser, le soir venu, des lettres sous sa porte : « Si je t'écris ce soir de Vienne, J'aimerais bien que tu me comprennes, Que j'ai choisi l'absence, Comme dernière chance. » Une coquetterie irrésistible. Car au travers de ce portrait joliment tissé, la célèbre dame en noir paraît beaucoup moins tragique qu'on ne veut bien le croire. Appelant la mort de ses vœux même dans un jeune âge, déroulant sa voix bouleversante et imposant sa silhouette gracile, Barbara avait coûte que coûte cet amour de la vie, celle qui doit être absolue et passionnée. Sa mauvaise foi attendrissante en est un bel exemple.

Des chansons frissons agrémentées de belles confidences

À chaque chanson précède la petite histoire, celle qui raconte le mieux le travail de composition de la grande artiste. Adossée au piano, en la personne de l'élégante Rébecca Mai, elle cherche sa mélodie et Roland compose, en direct : « Je veux des gouttes de pluie qui tomberaient d'un toit »; « Et puis il y aurait du vent. Une tempête... »; « Oui, mais c'est le soir » Le musicien clôt cette interlude avec un sourire qui en dit long : Barbara était exigeante, parfois intraitable, mais quelle artiste ! Ne disait-elle pas, comme il nous le rappelle, « Pourquoi faire autant de notes alors qu'il suffit de jouer les plus belles ? » Elle, elle les avaient trouvées et si ce n'était pas le cas, elle recommençait. Quand Rébecca Mai s'avance, magistrale, dans un imposant manteau de plumes noires, pour entonner « Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous », on s'y croirait. Roland, lui, a souvent les yeux fermés, comme habité. Quel plus émouvant hommage que celui d'un compagnon de route et de vie qui fait renaître, avec son nouvel amour, celle qu'il a tant admiré ? Le frisson ultime vient à la fin. Mais... on ne vous dira rien.

Claire BONNOT

"Barbara et l'homme en habit rouge", écrit par Roland Romanelli et Rébecca Mai et mis en scène par Eric-Emmanuel Schmitt

Jusqu'au 16 juillet 2016
au Théâtre Rive-Gauche
6, rue de la Gaîté, 75014 Paris

Du mardi au samedi à 19h, le samedi à 15h.
Durée : 1h30.