Dans la légendaire famille Chaplin, on demande l’une des petites-filles… L’artiste Aurélia Thierrée, fille de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée du Cirque Invisible et sœur de James, envoûte aisément de ses grands yeux bleus et de ses tours de féérie fabuleux.
Apartés a découvert cette magicienne de la scène avec Bells and Spells au Théâtre de l’Atelier en 2019. Avec son air de ne pas y toucher, Aurélia Thierrée nous jetait un sort, dérobant et se dérobant sous nos yeux ébahis dans un pays où la vivacité d’esprit, la délicatesse et la poésie avaient fait leur nid. En cleptomane fantaisiste, elle y effectuait des tours de prestidigitations poétiques transformant toute réalité en rêve éveillé. Nous avons eu envie de pousser la porte de son monde “merveilleux”. Bienvenue dans un pays où la moindre petite chose ordinaire peut devenir extraordinaire…
Que signifie le mot « merveilleux » pour vous ?
C’est quelque chose d’inattendu dans le familier et vice versa. C’est quand on s’émerveille ! Et ça peut être juste dans les détails… On a vraiment besoin de l’imaginaire pour comprendre le réel. Je pense tout simplement qu’on ne peut pas vivre sans cette autre vie là qui est parallèle mais pas si parallèle que ça finalement. En ce moment, par exemple, c’est complètement surréel ce qui se passe, dans un côté un peu noir évidemment…
Quel est votre rapport à la réalité justement et comment vous vous en échappez ?
Oh, j’ai l’impression d’avoir passé la majorité de ma vie dans mes rêves plus que dans la réalité !
Et, en même temps, je suis souvent ahurie par la réalité car je trouve qu’elle comprend tellement de choses qui sont franchement surréelles mais qu’on a appris à définir comme nos bases de réel. Et, de ce côté-là, elle me fascine. C’est ce qu’il y a de magique dans le quotidien…
Dans ce registre, au travers de nos spectacles, on aime bien aussi explorer la frontière entre l’imaginaire et et la folie. Ce moment où ça peut basculer d’un côté ou de l’autre. Il faut un petit peu de folie dans la vie mais il faut l’apprivoiser, ne pas la laisser aller trop loin…
Avez-vous un « pays imaginaire » ?
Oui, il se construit dans les livres que je lis, dans les films que je regarde, dans tous les médiums que l’on utilise pour s’échapper autre part… Il permet de laisser l’esprit aller vers des endroits inattendus, de pouvoir redéfinir les choses. Ça fait tellement de bien !
En ce moment, je lis Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov*. J’avais essayé de m’y mettre plusieurs fois mais je n’y arrivais pas et là, tout d’un coup, je l’ouvre et y trouve une résonance avec les temps que nous vivons actuellement. Et je ne l’aurais pas nécessairement découverte à un autre moment…
* Écrit entre 1927 et 1939, un roman fantastique non dénué de réalité…