"Marie des Poules" de Gérard Savoisien par Arnaud Denis : La Petite Marie

À voir si : vous avez le cœur léger et passionné

Du 5 au 28 juillet à 18h
au Théâtre Buffon
au Festival OFF d’Avignon

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“Je lui parlerai au cœur pour m’emparer de son corps”

Marie des Poules, Gérard Savoisien


Dans une mise en scène très délicate signée Arnaud Denis, la pièce “Marie des Poules, Gouvernante chez George Sand” de Gérard Savoisien rend un bel hommage aux femmes et offre de passer un très beau moment de théâtre.

Une belle dame attablée à une table de bistrot parisien nous regarde, des souvenirs heureux plein les yeux teintés, par moments, d’un voile profondément triste. Elle nous conte sa propre histoire, celle de “Marie des Poules”, gouvernante en son temps de la grande… George Sand et amante malheureuse du fils adoré.

Arnaud Denis livre avec beaucoup de délicatesse cette belle histoire d’amour et d’ascension sociale d’une femme qui prendra le flambeau de sa destinée, celle d’une femme libre à l’image du parcours unique de George Sand.
— Apartés

Un écrin qui fait éclore amour et émotions



Avec toute la grâce de la magnifique Béatrice Agenin - ancienne sociétaire de la Comédie-Française et interprète de Marie Caillaud et George Sand, cette fresque digne d’un roman invite à la rêverie dans un décor (de Catherine Bluwal) évocateur d’une campagne apaisante et sous de très belles lumières (signées Laurent Béal) aux couleurs du soirs éclatantes. Une maison de maître miniature parachève ce cadre idéal d’une histoire peu banale. À l’âge de onze ans, la petite Berrichonne entre au service de Madame George Sand. Travailleuse, dévouée et remplie de bonne volonté, Marie Caillaud se fait bien vite remarquer par toute la maisonnée. L’écrivain, elle-même, lui fait apprendre quelques lignes pour jouer la comédie les soirs de grandes réunions artistiques. La petite suscite vite l’admiration des amis fameux et… du fils de la maison, Maurice Sand. Ce dandy désœuvré se livre d’abord au jeu croustillant de faire succomber la petite paysanne illettrée et vierge de l’expérience de la chair. Mais, petit à petit, ce jeune pédant se fait prendre au jeu de l’amour face à cette jeune femme étonnante qui prend bien vite une autre dimension depuis que sa maîtresse lui a appris à lire et à écrire. Si l’on entrevoit une fin digne des contes de fées - les marionnettes du fils Sand, la maison de poupées et les lumières idylliques dessinent joliment un paradis (perdu), cet espoir s’éteint bien vite et c’est George Sand, pourtant chantre de l’émancipation des femmes, qui l’étouffe. Malgré son affection et une certaine admiration pour Marie des Poules, l’écrivain ne veut livrer son fils à la raillerie sociale et lui propose un mariage digne de sa condition sociale. La mort dans l’âme, celui-ci acceptera et Marie des poules y trouvera le terreau de son indépendance de femme et la liberté d’être pleinement soi. Dans une mise en scène très intimiste de ce beau texte de Gérard Savoisien qui fait écho à La Petite Fadette de George Sand, Arnaud Denis livre avec beaucoup de délicatesse cette belle histoire d’amour et d’ascension sociale d’une femme qui prendra le flambeau de sa destinée, celle d’une femme libre à l’image du parcours unique de George Sand.

Des interprétations vibrantes et toutes en délicatesse

Magnifique et bouleversante. Béatrice Agenin irradie de mille feux dans cette pièce qui se savoure comme un bon livre. Elle jongle aisément, avec une grâce infinie, entre la Marie à l’accent berrichon, la Marie érudite et sophistiquée et la grande écrivain intraitable sur l’avenir de son fils quitte à renier ses combats féministes. Face à elle, Arnaud Denis est parfait en beau jeune homme de bonne famille, aussi élégant et émouvant quand il baisse la garde qu’odieux et détestable en séducteur invétéré et machiste. Le charme de cette pièce est maintenu jusqu’à la dernière minute. Une très belle production théâtrale.

Claire Bonnot

"Marie des Poules, Gouvernante chez George Sand” de Gérard Savoisien par Arnaud Denis assisté de Georges Vauraz

Durée : 1h15