Vous aviez donc l’idée d’en faire le premier rôle dans cette mise en scène ?
Ronan : C’est quelque chose qu’on s’est dit après-coup finalement, à l’époque je ne sais pas comment on y a pensé. On s’est jetés dans les répétitions. Dans la mise en scène de Sébastien, je suis un jeune Monsieur Loyal. C’était un défi excitant d’essayer de chercher la malice dans ce rôle mais aussi le côté très jeune, très poétique et peut-être un peu plus dynamique que le Christian que l’on imagine, ce soldat un peu bête… même si plus personne ne le joue comme ça. Bien sûr qu’il a des moments de niaiserie incroyable, il le dit, il ne sait pas parler, mais il a une pensée ultra-poétique, il a un esprit hyper pur, naïf, enfantin…
Sébastien : Et puis c’est quand même le mec qui va aller jusqu’à se tuer parce qu’il se rend compte qu’il n’a pas sa place dans le couple… Il est prêt à mourir !
Ronan : Si c’était un jeune bourrin, il aurait continué…
Sébastien : … ou il aurait tué Cyrano !
Ronan : Il a un fort esprit romantique et donc il se sacrifie…
Anaëlle : Il comprend que Roxane n’est pas amoureuse de lui mais de Cyrano, c’est le déclencheur…
Ronan : Il a une réaction très noble, il est très blessé et c’est vraiment un sacrifice de se dire « de toute façon, elle ne m’aime pas, je dois laisser une place à Cyrano ». Après, c’est Christian donc il le fait avec une maladresse totale et une sorte d’extrémisme amoureux.
Sébastien : Dans le spectacle, on a rajouté des textes du vrai Cyrano, Hercule Savinien Cyrano de Bergerac. C’est comme un conte au fil des saisons avec ses écrits sur le Printemps, l’Été, l’Automne, l’Hiver et notamment un sur la Tempête pour Christian… un texte magnifique. C’est un peu une insulte qu’il envoie au public en disant « Voyez, vous m’avez pris pour un débile, je ne le suis pas, c’est juste que je ne sais pas parler aux femmes et c’est tout et je vais mourir comme ça ».
Ronan : « Plus on me berce, moins je dors, tout autour de nous les côtes gémissent du choc de la tourmente… »
Dans ce spectacle aux évocations circassiennes, on se croirait plongé dans un doux rêve d’enfance… Aviez-vous aviez envie de ce côté naïf, qui fait affleurer des émotions primitives ?
Blandine Rottier : Oui, le cirque amène ce côté un peu naïf, simple, féérique, fantastique…
Anaëlle : …l’émerveillement devant chaque chose…
Sébastien : C’est vraiment ce qu’on voulait, quelque chose de simple.