Distinguée par un Molière de la révélation féminine en 2016 pour son rôle d’enfant-adulte inclassable dans Le Poisson belge, la comédienne et metteuse en scène trentenaire n’a jamais perdu le fil de sa rêverie enfantine qu’elle distille dans différents univers théâtraux qui ont tous ce petit quelque chose de… surnaturel.
Elle replongeait, en 2018, dans les contes de l’enfance, en adaptant pour la Comédie-Française, La Petite Sirène de Hans Christian Andersen. Cette mise en scène de Géraldine Martineau faisant alterner beaucoup de luminosité et la sombre représentation de la cruauté du réel, illustrait avec une simplicité pure et poignante les différentes facettes d’un conte initiatique. Scintillant de plusieurs feux, à l’image des contes merveilleux, Géraldine Martineau fait la part belle à l’imaginaire tout autant qu’au temps présent. Un chemin plein de sagesse pour renouer avec la paix intérieure…
Que signifie le mot « merveilleux » pour vous ?
En en regardant précisément la définition, j’ai vu que c’était tout ce qui avait trait au surnaturel, au magique, au féérique… Et je me suis rendue compte que dans tous les spectacles que j’ai montés, il y en avait toujours ! Même chez Maurice Maeterlinck, il y a énormément de surnaturel tout comme dans La Dame de la mer d’Henrik Ibsen que je mets en scène normalement l’année prochaine à la Comédie-Française. C’est donc un élément qui accompagne mon travail. Et ça fait aussi partie intégrante de ma vie.
C’est pour moi la notion d’onirique, de ce qui fait voyager, de ce qui transporte… C’est ce qui nous fait rêver, chacun d’entre nous.
Quel type de « merveilleux » voyez-vous dans La Petite Sirène, conte d’Andersen que vous avez mis en scène à la Comédie-Française ?
C’est un conte qui m’avait marquée étant enfant et il me parlait aussi en tant qu’adulte. Sur ce besoin d’émancipation, ce besoin de partir de son milieu. La Petite Sirène a besoin de voir le monde, de se détacher d’une famille qui vit beaucoup dans la peur et qui l’empêche peut-être… J’avais envie de parler de ces espoirs-là et de tous les sacrifices qu’on est prêts à faire pour plaire, comment on peut se faire du mal. Mais tout ça n’est qu’un chemin, ce conte n’est pas punitif. La Petite Sirène a peut-être fait une erreur et encore on ne sait pas car c’est ce qu’elle voulu faire, elle. Elle a voulu donner sa voix pour avoir des jambes par exemple puis, en faisant un autre choix, celui de son cœur, celui de ne pas tuer le Prince, elle a été récompensée en devenant une fille de l’air. Ça lui a ouvert un autre chemin dans lequel elle va s’épanouir, peut-être… Ce conte montre que les actes ont des conséquences mais que rien n’est forcément une erreur, c’est juste de l’expérience acquise, un apprentissage.