"AMOUR" par et de Petar Miloshevski : l'amour à mort

À voir : si vous avez le cœur tourmenté

Le samedi 28 mai à 18h
au Feux de la Rampe

"It was love at first sight : « Have you died before ? » ; « Only in my dreams »

AMOUR, Petar Miloshevski

Dans un terrifiant seul-en-scène, l'acteur macédonien, formé notamment au théâtre britannique, Petar Miloshevski, électrise le théâtre des Feux de la Rampe dans le cadre du Paris Fringe Festival, première édition du Festival international de théâtre en anglais, qui se tient à Paris jusqu'au dimanche 29 mai.

Déjà le supplice est signifié par la bande-son, grinçante, irradiant les rangs des Feux de la Rampe d'une ambiance oppressante, noyés dans le noir le plus total. Et IL apparaît, sous une lumière rouge sang, crâne rasé, en peignoir. L'effet est saisissant.

Une performance scénique qui fait froid dans le dos

Cet homme a un bien particulier dessein : faire passer une petite annonce pour faire l'amour et plus si affinités à savoir être tué, découpé et mangé dans l'espoir d'atteindre un nirvana sexuel. On vous l'accorde, le sujet n'est pas des plus attrayants. Et pourtant. La performance scénique est très puissante, sans hémoglobine, effets spéciaux, vidéos ou autres artifices pour créer l'angoisse et le gore. Tout est jeu, ici. Le mime, réglé au millimètre près est cinglant. Entre les scènes de drague appuyées, presque sadiques - il fume nonchalamment, très maniéré, petit sourire au coin des lèvres, pour succomber d'une main sur le front, bouche ouverte, les face-à-face entre les deux hommes - il enfile son peignoir digne d'un Dracula de l'endroit à l'envers pour changer de peau et la scène d'amour à mort, le registre dramatique varie avec beaucoup de tact et, en plus de l'effroi procuré, nous plonge dans les abîmes d'une certaine folie. Les lumières puissantes, oscillant du vert au rouge, imagent parfaitement les scènes violentes et macabres et les musiques, entre chants lyriques et sonnerie de téléphone stridente, ne nous laissent aucun répit dans l'escalade de la folie.

Un acteur d'une précision effrayante

Parfait « méchant » au crâne rasé - veines battantes - aux oreilles pointues, au visage émacié et aux yeux bleus limpides et perçants, l'acteur Petar Miloshevski est saisissant. Il mime, il danse, il parle (et nous regarde brrrr) comme possédé par cet amour sadique, cruel et mortel. Chaque mouvement de bouche, du regard, des mains, des pieds a une implication. Il excelle à faire ressentir ses tourments horribles et profonds : « We posess animality which is our obsession. » Adepte des solos qui malmènent et tordent en tous sens l'âme humaine, Petar Miloshevski a été acclamé pour ses premières productions - « HOPE » et « THE BEAUTIFUL » - et continue son parcours de théâtre viscéral et expérimental avec « AMOUR ». Un prix qu'il a gagné en 2013 au Festival International MOST en Allemagne, décrit parfaitement son univers : « Prix de la transmission des pulsions de l'âme humaine au travers du langage, du mouvement et de la poésie. »

Claire BONNOT

"AMOUR" de et par Petar Miloshevski

Le 29 mai à 18h
au Théâtre Les Feux de la Rampe
34, rue Richer, 75009 Paris