"There's No Place Like" par Althea Theatre : où vous sentez-vous comme à la maison ?

À voir : si vous avez le cœur léger et tourmenté

Le dimanche 29 mai à 18h
au Restaurant Le Kibele


"They go to the pub so they don't have to go home"

There is No Place Like, Althea Theatre


Dans une pièce douce-amère dont la scène est un plateau de bar, la comédienne et dramaturge israëlienne Lilach Yosiphon du Althea Theatre, questionne le sentiment d'appartenance et la situation actuelle liée à l'immigration.

La salle est celle du restaurant LE KIBELE dans le 10ème arrondissement de Paris. On nous propose de s'asseoir et de commander un verre au bar. La pièce peut commencer.

Des acteurs qui parviennent à installer une véritable atmosphère dans un décor hors-scène

Le bar ouvert du KIBELE fait scène. Une jeune femme, barman, range les derniers verres. Entre alors un jeune homme qui commande une dernière bière. Ils s'interpellent très vite et se toisent, non sans ironie et un début de tendresse. Où l'on apprend que la jeune femme se nomme Hannah car israélienne (comme elle l'explique dans une réplique hilarante) et qu'elle était enseignante là-bas avant de déménager au Royaume-Uni et de travailler derrière ce bar. Le jeune homme vient du nord de Londres et s'appelle, bien évidemment, Jordan (réplique qui fait rire l'assistance), il a perdu sa mère et son job (de barman !). En entrant dans ce bar, il ne sait pas que sa vie va changer. Il se demande s'il est temps de rentrer. Mais où ? Lilach Yosiphon, elle-même israélienne qui a étudié et travaillé en Angleterre pendant des années, qui interprète Hannah, est bouleversante dans le rôle de cette jeune femme considérée comme illégale dans ce pays (la Grande-Bretagne) qui est devenu sa « maison » mais dans lequel elle ne peut rien faire d'autre que barman. Sam Elwin, qui interprète Jordan, est tout aussi pertinent, entre pudeur et ironie, réellement touchée par cette jeune femme profondément attachée à ses racines (elle lui chantera une mélodie de là-bas) mais sûre que son avenir est ici, malgré les difficultés et les impossibilités.

Des questions d'appartenance posées avec réalité et tendresse

On a immédiatement envie de rajouter « Home » après avoir entendu ou lu le titre de la pièce : « There's No Place Like ». Mais cette « Home », cette maison, quelle-est-elle réellement ? C'est cette question que pose la pièce entre une jeune israélienne immigrée en Grande-Bretagne et attachée à son bar comme à sa maison et ce jeune londonien qui n'a plus rien et va créer sa maison de toutes pièces, nouveau boulot, une femme et deux enfants. La rencontre entre ces deux êtres va bouleverser leur vie sans changer vraiment leur vie. C'est là où la pièce est intéressante et représentative de la vie quotidienne. C'est d'ailleurs ainsi qu'elle est présentée : « Inspirée par les voyages de train, les vols chaotiques et les informations ». On voit bien que Jordan et Hannah en pince l'un pour l'autre mais la vie les sépare et ils se retrouvent dix ans après, pas vraiment par hasard. Jordan a une envie folle de la revoir. Il rentre à nouveau dans le bar. Et l'avenir évoqué il y à dix ans est reposé sur ce plateau de bar, avec autant de pudeur et de tendresse.

Un vrai bijou de mise en scène et d'interprétation pour des questions qui se posent à tout être humain à un moment de sa vie. C'est quoi pour vous la maison ? Lilach Yosiphon sait désormais : « La maison, pour moi, en tant qu'artiste, c'est l'habileté à raconter l'endroit d'où je viens et celui dans lequel je vis ma réalité aujourd'hui » (METRO).

Claire BONNOT

"There's no Place Like" de Lilac Yosiphon mise en scène par Marianne Mayer et Mike Cole

Le Dimanche 29 mai à 18h
au restaurant LE KIBELE
12, rue de l'échiquier, 75010 PARIS