"Écoute Frédérick, écoute le paradis ! J’aime les entendre rire, comme cela aux éclats !"
Garance dans "Les Enfants du paradis" de Marcel Carné, dialogues de Jacques Prévert
La rentrée théâtrale a sonné pour Apartés. Et elle a démarré au... PARADIS. Au Paradis du Lucernaire. Un paradis indiqué en néons bleutés. Car la plus petite salle du Théâtre du Lucernaire - 46 places - à laquelle on accède par un escalier en colimaçon, est aussi la plus élevée. C'est le joli nom - plutôt que le vulgaire « poulailler » - que l'on donne au théâtre au dernier étage de la salle, situé au-dessus des loges et du balcon, là où les places sont les moins chères. Là où l'atmosphère populaire d'antan faisait grand bruit et grands éclats, de rire ou autres. Celle qui est formidablement représentée dans le fantastique film de Marcel Carné, « Les Enfants du Paradis » (1945).
C'est heureux de démarrer une rentrée théâtrale par une ascension paradisiaque surtout lorsqu'elle évoque un tel chef-d'œuvre de poésie cinématographique et quand elle permet de faire un si romanesque « Voyage en Uruguay ». C'était la première pièce d'Apartés écrite par l'excellent Clément Hervieu-Léger (Critique de l'incroyable « Monsieur de Pourceaugnac » ici). Et on vous recommande chaleureusement cette émouvante et intime épopée.
Et parce qu'on ne saurait s'arrêter en si céleste ascension, on a prévu de faire perdurer cette sensation de paradis qu'est le théâtre, ce rêve éveillé qui nous transporte loin et nous ramène autre. Voici les prochains rendez-vous théâtre du blog, en attendant tous les autres favoris en cours de programmation :
« Présents Parallèles » de Jacques Attali par Christophe Barbier avec notre idole, Xavier Gallais (Interview à lire ici), Marianne Basler et Jean Alibert au Théâtre de la Reine Blanche dans le 18e. On sera face au présent d'une comédienne et son mari qui tentent de séduire un mystérieux producteur pour jouer leur pièce dans un 2016 bien différent de celui que l'on connaît, un 2016 qui aurait encore les nazis de la seconde guerre mondiale au pouvoir. Mais le réél n'est jamais vraiment le réel...
« Le Chat » d'après Georges Simenon adapté par Christian Lyon et Blandine Stintzy et mise en scène par Didier Long avec Jean Benguigui et Myriam Boyer. Au superbe Théâtre de l'Atelier à Montmartre. C'est la première adaptation théâtrale de ce roman (1967) adapté au cinéma en 1971 par Pierre Granier-Deferre avec deux monstres du cinéma français de l'époque, Jeanne Moreau et Jean Gabin. C'est l'histoire d'un mari et d'une femme (vieux) qui ne se parlent plus et s'accusent mutuellement d'avoir tué leurs animaux de compagnie respectifs dont le chat de la femme. Malgré cette relation invivable, ils se rendent compte qu'ils ne peuvent vivre éloignés l'un de l'autre.
« Antoine et Cléopâtre » d'après William Shakespeare par Tiago Rodrigues au Théâtre de la Bastille. Le metteur en scène portugais, connu pour son théâtre engagé et que l'on avait adoré avec son « Bovary » (Critique à lire ici), vient revisiter la légende du couple historique en des scènes jouées et dansées.
« Edmond » de Alexis Michalik au Théâtre du Palais-Royal. L'amour inconditionnel que nous portons à Rostand nous fait trépigner d'impatience devant cette pièce qui racontera la première représentation du mythique et sublime « Cyrano de Bergerac ». Surtout que son auteur, Alexis Michalik, a été couronné de succès pour ses deux précédentes pièces à l'aura romanesque, « Le Porteur d'Histoire » et « Le Cercle des Illusionnistes », que nous n'avons pas encore eu la chance de voir.
Apartés souhaite, en cette rentrée 2016, vous faire toucher du doigt et du cœur un peu de ce paradis scénique, intime et créatif qu'est le théâtre.