Créée en 2020, cette pièce du maestro Jean Bellorini revisitant le mythe d’Orphée est une partition poétique, langagière et musicale d’une grande beauté mais d’une certaine complexité. La musique céleste de Monteverdi, la scénographie époustouflante et le jeu excentrique des comédiens rappellent que la vie s’allume en un éclair.
Ce marathon théâtral puissant autour d’Hamlet a trouvé là son écrin : aux tourments déchirants du prince du Danemark répondent les tourments de la nature - pluie diluvienne et orages tonitruants jouent leur rôle à merveille.
Dans une pièce vibrante, Chaplin, le charlot le plus célèbre du monde retire son masque et sa moustache dans un face-à-face historique (et filmique) avec Hitler, l’autre personnage à la moustache le plus (terriblement) célèbre de l’Histoire. Ou l’artiste face à lui-même. Superbe !
Dans une envoûtante épopée initiatique au ferment poétique, l’auteur et metteur en scène Simon Falguières s’interroge sur l’acte de création au cœur du monde réel. « Les Étoiles » est une merveilleuse fable qui porte en elle la force et l’émotion des grands récits intemporels…
Détricotant à l’extrême la relation d’un couple apparemment parfait, l’auteure Léonore Confino orchestre une thérapie déjantée sur la vie à deux sublimée par deux comédiens fabuleux. Déroutant mais définitivement intéressant.
Dans une pièce-performance, Lionel Dray joue au clown irrésistiblement triste. Un bijou poétique et scénique, joyeusement absurde et terriblement émouvant. Un spectacle sur le néant de la vie touché par la grâce !
Rocambolesque, profonde, inquiétante… Cette pièce a plus d’une corde à son arc et convie à un spectacle digne de ce nom : place au “Candy Circus”, une fête aussi merveilleuse que cauchemardesque…
Déroutante et protéiforme, l’adaptation des Mille et Une Nuits signée Guillaume Vincent a tout de même le mérite de plonger au cœur de la sève des récits. Le charme, cependant, ne tient qu’à un fil… des fulgurances poétiques de la fiction, de l’envoûtement suscité par la mise en scène et de la justesse de l’interprétation.
En faisant de l’héroïne exaltée de Tolstoï l’élément perturbateur de la quiétude de deux couples contemporains, Tiago Rodrigues rappelle magnifiquement à quel point l’art et la littérature abreuvent nos vies de sages ou tourmentées passions. S’y abandonner totalement !
Cette pièce pleine de cœur et de délicatesse explore les angoisses de tout homme face à l’imprévisibilité de la vie. Comment savoir si on a pris le bon chemin ? La réponse n’a rien de terre à terre…
Dans une pièce douce-amère, le Collectif Mirari met en scène la jeunesse d’aujourd’hui en proie à la nostalgie un soir de fête universelle. Ou l’histoire d’une bande de potes un peu lonely qui fait le bilan de sa vie à Noël…
Dans une atmopshère de boudoir chic et pop, la compagnie franchement,tu adapte avec une poésie rock & déchirante l’une des parties du chef-d’œuvre proustien, Un amour de Swann. Un coup de foudre théâtral !
Bel ovni théâtral que cette proposition de seul-en-scène qui plonge littéralement dans le passé en faisant revivre le naufrage du Titanic sous un angle inattendu et déchirant d’humanité.
Bâtisseur d’une famille de théâtre qu’il s’est choisie pour ce projet d’envergure, Pascal Rambert sonde les fondations de l’humanité, dans l’intimité d’un clan et l'universalité d’une société, via l’infinie puissance de (dé)construction du langage. Un hommage enfiévré au théâtre et à ses comédiens qui n’est pas sans rappeler La Mouette de Tchekhov.
Avec un casting cinq étoiles et une mise en scène impeccable, Ludovic Lagarde nous fait perdre la tête dans son adaptation au cordeau du thriller théâtral signé Harold Pinter, « La Collection ». Du grand art.
Le grand et beau comédien qu’est Sami Frey revient, dix ans après, sur ce Premier amour de Beckett qu’il avait déjà interprété à l’Atelier. Ce monologue d’un homme vivant dans un presque total dénuement - que l’on ne sait à l’orée de la mort ou perdant simplement la mémoire - est d’une force vive impressionnante via la langue féroce et poétique de Samuel Beckett et la grâce charismatique et généreuse de Sami Frey. Un spectacle d’une rare intensité, extrêmement magnétique !
Sélection des belles pièces à voir à Paris (et depuis votre ordinateur pour La Fuite de Macha Makeïeff) pendant la période des fêtes de Noël 2018.
Revisitant l’esprit libre et fantasque de l’intemporel Shakespeare, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier s’empare pour la toute première fois de la Comédie-Française en révélant toute sa vibrante jeunesse dans sa version endiablée de “La Nuit des Rois ou Tout ce que vous voulez”. Une joyeuse folie court alors dans les rangs de la salle Richelieu, excitée - on le sent - de participer à et de s’autoriser cette fête débridée.
Dans un spectacle aux allures de récital, Philippe Torreton rend hommage au chanteur et poète Allain Leprest en se donnant corps et âme sur la scène du théâtre Édouard VII. Le batteur de “Téléphone”, Richard Kolinka, tout aussi habité, et le musicien, Aristide Rosier, accompagnent cette mélopée enfiévrée.
Dans une mise en scène ludique et ingénieuse conjuguant le pouvoir d’évocation de la fable et l’impact des images, Marc Lainé et ses trois acteurs servent toute la puissance de la plume de Jack London, écrivain-aventurier adoré. Avec “Construire un feu”, c’est tout l’imaginaire des trappeurs qui s’invite sur les planches et, bien plus que cela, la destinée humaine face à une Nature à la puissance sous-estimée.
Dans une sorte de huis clos forcé par les évènements terribles qui viennent de se jouer, un homme et une femme, amants, songent à l'impensable. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, ce couple illégitime qui a réchappé à la catastrophe se laisse tenter par la possibilité de disparaître du paysage pour refaire sa vie. Un texte ciselé au cordeau qui laisse sans voix du début à la fin (et quelle fin !) porté par des acteurs insaisissables et formidables.
Ressuscitant une pièce oubliée du très élégant Jean Poiret, Michel Fau, fantasque et libre esprit du théâtre français, offre un moment de théâtre comme on en voit peu : une pièce de boulevard à part car hilarante et spirituelle. « Douce-amère » n'est que finesse et profondeur, le tout dans une atmosphère décalée et avec un langage extrêmement travaillé. C'est « Absolument fabuleux » !
Dans une mise en scène chorale à l'atmosphère insouciante de fête de village, le « Platonov » de La Compagnie Les Évadés séduit ardemment le spectateur, envoûté par les mots exaltés de Tchekhov et la fougue superbe de cette toute jeune troupe. Une pépite tragique entre espérance et désespérance !
Avec un fantastique Xavier Gallais, Benoît Lavigne met en scène Guérisseur de Brian Friel, le « Tchekhov irlandais » (1929-2015). Tel une fable mystique de contes et légendes, ce voyage dans les terres écossaises et irlandaises avec un guérisseur tourmenté s'expérimente comme une communion acteur-spectateur et chemine longtemps dans l'esprit.
Alors que l'auteur russe ne cesse d'être joué et adapté en France, la metteuse en scène Julie Deliquet qui avait monté son Oncle Vania à la Comédie Française en 2016-2017 revient à Tchekhov en faisant s'entrechoquer deux de ses œuvres majeures - Les Trois Sœurs et Ivanov - dans une adaptation contemporaine, Mélancolie(s). Si l'idée est formidable pour illustrer le désenchantement actuel et l'incertitude des temps à venir, l'âme définitivement transcendante de l'œuvre tchékhovienne ne prend étrangement pas. Plus que de la mélancolie, on ressent plutôt chez Julie Deliquet beaucoup de violence. Celle de notre société, sans doute.
Partagé comme une fable au goût d'éternité, le mythe de Médée revisité par l'écrivain Laurent Gaudé prend formidablement vie au travers de cette mise en scène qui oscille entre l'outre-tombe et le mauvais songe. Envoûtant.
Dans un intérieur presque vide que l'on croirait imaginé par Edward Hopper, le metteur en scène Alain Françon fait revivre une pièce singulière de l'auteur allemand de théâtre contemporain, Botho Strauss. Malgré une certaine exigence de langue et de procédé narratif, la pièce « Le Temps et la Chambre », est une formidable peinture de la vie telle qu'elle se déroule : en éclats d'instants furtifs.
Pour son premier seul-en-scène, William Mesguich est un Gustave Flaubert torturé qui, dans ses jeunes années, fera l'épreuve douloureuse de sa vocation d'écrivain et l'écrira, à 17 ans, dans « Mémoires d'un Fou ».
Dans une adaptation mi-gothique, mi-fantastique de l'unique roman au parfum de scandale d'Oscar Wilde, le metteur en scène et comédien Thomas Le Douarec nous fait entrer au plus profond de l'âme corrompue du trop beau Dorian Gray. Une tragédie sociale et existentielle enlevée et remarquablement jouée.
Pièce de théâtre et film de légende, le « tramway nommé désir » de Tennessee Williams prend une trajectoire bien plus affirmée pour la cause des femmes dans la mise en scène bouleversante de Pauline Susini. Le jeu à corps et âme (perdue) de Cristiana Reali offre une incarnation poignante au(x) combat(s) quotidien(s) des femmes.